jeudi 26 décembre 2013

AMIGO



Amigo,
Le jeune homme qu’on a croisé l’autrefois
Le jour où on était en pleine séance de lecture
En marchant…
Le petit homme qui portait un tee-shirt rouge
Et qui marchait gaillardement vers l’abattoir
Crâne coiffé d’un béret portant l’étoile de Che Guevara
Un béret vert qui couvait ses cheveux de nègre
C’est lui qui m’a dit sans mâcher les mots
Que même le grand Senghor avait lu "André Gide"
Tu aurais vu sa tête
Tu aurais entendu son articulation
Tu aurais savouré son éloquence
…si tu pouvais être devant sa face, cette soirée-là

Il parlait…même Senghor l’avait lu 
Me disait fièrement
André Gide, tu comprends ! André…

Amigo,
C’est de cette façon, électrifié par son intonation
Que je me suis emparé du livre
Le livre dont on parlait
« Les nourritures terrestres » …Exactement !
Celui d’André Gide…
Un marchand ambulant l’agitait en l’air
Il criait aux passants…5000 balles, un livre tout neuf, Eh !
Il mentait, le pauvre…le livre n’était pas neuf
Mais quand même il m’a eu
Je ne sais même pas comment il a deviné
Que je suis amoureux de cette chose que l’on appelle
Livre…
J’ai tourné, tourné et tourné les pages
Espérant y trouver
L’antidote de la folie
Le calmant des aliénés
Le médicament des imbéciles

Tu sais, Amigo
Le voyage fut trop pénible.
Avant de me jeter sur la 242è page
J’allais le ranger
L’oublier pour toujours
L’enterrer une fois pour toutes
…le livre !

242è page…
Celle qui m’éclaira
Elle ne ressemblait pas aux autres
C’est elle qui réveilla ma conscience
C’est elle qui inspira mon âme
C’est elle qui inondant mon être

Sur cette étonnante page, on pouvait y lire :
« Plutôt que de chercher à te laisser instruire par les hommes,
Cherche ton enseignement près de Dieu. L’homme est contrefait.
Son histoire est celle même des ses faux-fuyants, de ses feintes… »

Je suis entré dans une sorte de méditation
En pensant à tous les fous qui ont proféré
Que Dieu n’existait pas
 Et j’ai compris…
J’ai compris…la manipulation
J’ai compris…l’endoctrinement
J’ai compris…l’aliénation
J’ai compris…l’assimilation

Ce jour-là,
J’ai découvert la vraie source
La source de l’humiliation afrikaine
Depuis l’arrivée des bellicistes
Ivres de la xénophobie

Encore,…Amigo,
J’ai compris la folie de nos chères universités
Greniers du savoir pour quelques uns
Pépinières de futurs cadres pour les autres
J’ai compris finalement
Pourquoi on a tant d’intellectuels tarés
De petits hommes
Pourtant diplômés jusqu’au cou
De paresseux fonctionnaires
Avec de titres inimaginables
De présidents insouciants, incompétents, corruptibles
Avec des richesses astronomiques

Enfin,
J’ai compris qu’aussi longtemps
Que l’Afrika restera prisonnière de son infantilisme
De sa mentalité de consommateur
De sa seconde nature
Nouvelle personnalité greffée
La prétendue culture…propre…occidentale
Elle ne saura grandir

J’ai compris que ce ne sont plus
Les mathématiques,
La science de la « grande » Europe
Qu’il lui faut
Mais une âme en forme

Cher Amigo,
Comprends ceci et tu seras un homme
Tu n’as pas été créé
Pour être un objet de manipulation
Un réservoir où ceux qui ont tout « inventé »
Viendront déposer leurs brevets
Nooon !!! Crois-moi
Toi aussi, tu peux créer
Amigo, tu n’es pas une poubelle !!!!!!

lundi 23 décembre 2013

SUR LE MEME SOL

Sur le même sol




Grands cerveaux,
Vous qui voulez vous donner bonne conscience

En imposant votre règle de vie :

Le prétendu « Nouvel ordre mondial »

Dites ! Vous cherchez à savoir ? À comprendre ?

Je vous dis : vous saurez. Vous comprendrez.

Tournez bien vos radars !

Orientez bien vos satellites !

Posez bien vos cameras et micros cachés !

Et vous verrez…

Vous verrez sur la face misérable du monde

Où se camouflent exactement

l'Afghanistan, l'Iran, la Syrie, la RDC, la Somalie…

Oui, vous verrez des cours intarissables de sang pur

…loin d’être la mer rouge

Des cours d’eau tachés de sang innocent

Qui jaillissent de partout

Là vous comprendrez que l’enfer

C’est un truc qui ne se cache pas

Peut-être que vous pourrez réviser

Vos plans imbéciles d’intervention…


Certainement sur vos écrans géants de merde

Vous la verrez aussi dans sa petitesse…

La fameuse région des grands lacs africains

Ne vous est-elle pas déjà familière ?


Mais qu’est-ce que j’en sais, moi ?

A vrai dire…

Je n’en sais rien…c’est toujours compliqué !

Il fut une nuit…en pleine constellation

Je ne voyais pas au clair

C’était l’heure de tous les diables

L’heure où, sur cette planète fourvoyée,

La nuit était dans sa fureur virulente

Pendant que sur le ciel illuminé…clair-obscur

Des étoiles dessinaient un cœur…un « LOVE »

1heure du matin…

…je me remémore !

Oui, un détail indélébile me revient

Si ma mémoire n’est pas cancre…

Je chatouillais lentement mes cheveux crépus

Au milieu de cette fureur des ombres inéluctables

Quand les voix des-sans-armes me surprirent

Ils avaient une peur-torrentielle

Une peur inhabituelle, incarnée…

Des eaux libres ruisselaient

Elles parcouraient leurs tendres joues

Avant d’envahir les poitrines vibrant

On ne voyait que des torrents d’eau

On n’entendait que des battements des cœurs agonissant

Des eaux…

Elles coulaient, coulaient et coulaient à flot

Elles étaient limpides…, ensanglantées, trop salées

Une peur,…des boules d’eau lourdes de sang…

La sueur impure !

Ces êtres…

Ils transpiraient, transpiraient et transpiraient encore


Je continuais à glisser mes paumes moites

Sur ma forêt noire plantée sur un sol rond

Quand leurs cris commencèrent à me torturer

Ils imploraient la survie...

Tantôt à Dieu

Tantôt à la vierge marie

Des voix palpitantes se confondaient

Toutes invoquaient

Des noms se faisaient entendre

Sur la liste,…un nom subversif : kiranga

Kiranga…ryangombe

mana y’i Burundi…oh !oh !oh !


Des visages meurtris, atrocement violentés

Des hommes, des femmes, des enfants…

Toute une chorale des condamnés hurlait

Parce que justement

Un monstre voulait écourter leur existence

Un sans- cœur cherchait à les engloutir

Un cannibale réclamait leur chair

Malgré tout…

Ils rêvaient !

Ils avaient des songes…un monde

Un monde de paix, de liberté

Bien qu’étant illusion à ce moment

Ce monde les tourmentait déjà


Eux qui avaient tant chanté le paradis

Chaque dimanche à l’intérieur des églises des pères blancs

Ne voulaient pas y entrer

Que de temps perdu !!!!!

Nooon ! Ils ne voulaient pas mourir...


Sur le même sol…africain

Il y avait un peuple…des peuples…

Hutu, tutsi, tuaregs, amazigh, yorubas, xhosas,

Bambaras, peuls, bantous, pygmés, amazoulous,

Mandingues, wolofs, haoussas, bochimans, arabes…

Ils avaient tous en commun

Cette chose étrange, métaphysique

Que l’on appelle souvent la PEUR.


Art. Ezéchiel NDAYIZEYE