vendredi 6 décembre 2013

Lettre à l’Afrika



Lettre à l’Afrika


Afrika, un désir étrange je ne sais d’où il me vient m’excite sans relâche. Il me pousse énergiquement à te transmettre cette petite missive pour te rappeler ô combien tu m’es très chère. Tu sais, chère Afrika, pour tout l’Amour que j’ai emmagasiné en moi pour toi je t’écris. Je t’envoie ces mots mystérieux pleins de vitalité et transporteurs de ma raison d’être pour te révéler le vrai sentiment qui m’a monté à la gorge le jour où j’ai appris que de l’autre côté de la mer, au-delà des océans, sous d’autres cieux, les vautours qui, jadis, sucèrent impitoyablement  ton sang réclament encore tes moelles. Je t’écris pour te mettre au courant qu’hier, par mon arc anti-assimilation, j’ai descendu le vaurien qui voulait encore envahir « ton vagin » sans avoir payé la totalité de la dote. Ils cherchaient sans honte ni respect à monter sur ton ventre pour profaner encore ton utérus. Tu sais, chère Afrika, ils étaient aussi nombreux qu’une myriade d’étoiles. Je n’ai visé que le plus dangereux. Ai-je mal fait ? A toi de juger si je me suis conduis en homme intelligent ou stupide. Tu le sais déjà. J’ai juré, j’ai prêté serment que de mon vivant, je ne laisserai personne t’humilier devant mes yeux. Je ne permettrai jamais que tu sois exposée aux railleries des fanfarons dépourvus de cervelle. Je n’accepterai pas que   ton humble corps soit déchiqueté et que tes poumons soient livrés à la vente aux enchères. Je ne supporterai jamais que ta peau  soit ternie par les rayons impitoyables de l’aliénation. Chère Afrika, je me souviendrai de ta beauté unique, de tes montagnes chatoyantes, de tes forêts verdoyants et de ton sol tanière de l’or, du diamant, de platine, du gaz naturel, du pétrole, de l’amiante, de l’uranium. A mon fils, je raconterai tes mystères. Je  lui parlerai de tes vaillants INGABO, eux qui ont su défendre ton identité au péril de leur vie. Je lui parlerai de tes poètes clairvoyants qui n’ont jamais mâché les mots lorsqu’il était question de te rendre honneur et gloire pour te hisser en haut comme l’étendard en peau de léopard à l’exemple du roi Béhanzin. Je lui citerai sans interruption les noms de SANKARA, MANDELA, LUMUMBA, KWAME, RUGAMBA, RWIGEMA ……. Je lui parlerai « des guerres cafres, celles qui agitèrent pendant un siècle les pays situés à l’Est de fish river et habités par les xhosas, peuple d’éleveurs, de langue et de culture nguni, que les blancs avaient l’habitude péjoratif d’appeler CAFRES-infidèles ». Je lui parlerai justement de « la période thinite (3200-2778) qui débuta l’histoire de l’Egypte car réellement aucune civilisation organisée, aucun état, aucun peuple possédant une écriture et une organisation hiérarchisée n’éxistait » –à part évidemment l’Egypte des pharaons noirs, ceux qu’on traita de nègres. Je lui parlerai « des navigateurs européens qui furent étonnés à la fin du moyen Age de voir les rues bien aménagées, bordées, sur une longueur de plusieurs lieues, par des rangées d’arbres lorsqu’ils traversèrent pendant de longs jours une campagne couverte de champs magnifiques habités par des hommes vêtus de costumes éclatants dont ils avaient tissé l’étoffe eux-mêmes dans la baie de la Guinée ». Je lui parlerai de « soie et de velours que les Africains portaient, de grands Etats bien ordonnés, des souverains puissants, des industries opulentes-civilisées jusqu’à la moelle des os »…bien avant la colonisation. Je lui parlerai des « explorateurs qui partirent des plateaux de l’Est, du Sud et du Nord pour descendre dans les plaines du Congo , du lac victoria et de l’Oubangui, des hommes comme Speek et Grant, Livingston et Stanley, Cameron, Schweifurth, Janker, De brazza, eux qui découvrirent des contrées où régnaient la paix, la joie, de la parure et de la beauté des pays ». Je lui dirai que le fusil n’est pas une invention afrikaine, que ce qui vient de chez nous, c’est le tam-tam. Je lui parlerai de terribles et vaillants WARUNDI, eux qui freinèrent incroyablement la pénétration européenne avec des lances et des flèches. En fin, je lui dirai que tu es la terre la plus riche au monde, que plus de 80% du coltan utilisé pour la fabrication des appareils électroniques du monde tels que les ordinateurs, les téléphones portables, les lecteurs DVD vient de toi. Je lui dirai que tu es le plus grand continent du monde comme terre d’opportunité et qu’il n’a pas le droit de t’abandonner encerclée entre les mains de ceux qui ne sauront jamais prendre soin de toi, ceux qui ne penseront qu’à te piller pour satisfaire leurs désirs. Je n’oublierai pas  de lui confier que s’il existe un sentiment le plus noble sur cette terre, c’est celui de se sentir attacher à sa patrie. Je n’hésiterai pas à lui faire comprendre que je t’ai aimée, que je t’aime et que je t’aimerai toujours. Mort ou vivant, je te resterai fidèle. Ton bien-aimé Art. nday’ezec.

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